De la Guerre froide jusqu’à nos jours, les systèmes de commandement, contrôle et communications nucléaires (NC3) ont souvent fait l’objet d’analyses portant sur leur vulnérabilité à une attaque adverse et les risques d’escalade nucléaire qui en découleraient. La tendance à l’imbrication des capacités conventionnelles et nucléaires, la mise au point de technologies émergentes, et les stratégies de désinformation renouvellent d’anciens enjeux stratégiques au regard de l’architecture NC3. À partir d’une doctrine de dissuasion existentielle, la posture nucléaire française repose sur la crédibilité des forces militaires, sous le contrôle affirmé du chef de l’État. Compte tenu des menaces contemporaines et du retour de la compétition stratégique entre les grandes puissances, la résilience des systèmes NC3 s’avère essentielle afin d’assurer la crédibilité et la pérennité de la dissuasion française. Enfin, l’intégration des risques d’escalade dans le cadre des discussions portant sur l’évolution des systèmes NC3 pourrait contribuer à renforcer la posture de dissuasion française et atténuer, ainsi, les risques d’un conflit nucléaire.
Les systèmes de commandement, contrôle et communications nucléaires (NC3) et la réduction des risques stratégiques. Quels enjeux pour la France ?
Résumé
A propos de l'auteur
Douglas de Quadros Rocha est chercheur doctorant dans l’Axe stratégie du laboratoire Magellan (EA 3713, IAE, Lyon III) et responsable du pôle d’Études nucléaires à l’Institut d’études de stratégie et de défense (IESD, Faculté de droit, Lyon III). Il est doctorant en science politique à l’Université Jean Moulin Lyon-III où il rédige une thèse portant sur la stratégie de dissuasion et de maîtrise des armements nucléaires de la France. Ses recherches portent sur les enjeux nucléaires (dissuasion, non-prolifération, maîtrise des armements et désarmement), la doctrine de dissuasion française et la réduction de risques stratégiques.
Dans la collection
Analyse techno-capacitaire
La modernisation des armes nucléaires tactiques américaines B61 en Europe. Enjeux et perspectives pour les États européens
Depuis la fin des années 1950, les États-Unis et l’OTAN mettent en œuvre une politique de « partage nucléaire », caractérisée à partir de 1968 par le stationnement de bombes B61 sur le sol européen, lesquelles sont censées crédibiliser la posture de dissuasion élargie garantie par Washington. Financée sous l’administration Obama, la version B61-12 de ces bombes « tactiques », ou « non stratégiques » selon la terminologie américaine, a commencé à être déployée au sein des bases de l’Alliance en octobre 2022. Dans ce contexte d’une dialectique nucléaire évolutive influencée par la guerre russo-ukrainienne, les questions de défense et d’autonomie stratégique des États européens sont devenues une priorité. Cette analyse étudie les perspectives ouvertes par la modernisation du système B61 en Europe, l’impact des solutions techniques envisagées, et certaines de leurs possibles conséquences politiques.
Relève stratégique – Usages stratégiques des politiques spatiales au Moyen-Orient de 1960 à 2021
L’Espace n’est pas le monopole des grandes puissances : une véritable course à l’Espace est à l’œuvre au Moyen-Orient depuis deux décennies. Elle tient d’une forme de diplomatie des satellites, guidée par la recherche de nouveaux débouchés économiques. Les programmes spatiaux servent également les stratégies étatiques, de la pérennisation des régimes politiques à l’affirmation de la puissance au niveau régional.
Les maîtres silencieux des océans : les enjeux stratégiques et de non-prolifération des sous-marins à propulsion nucléaire en Australie et au Brésil
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𝐉𝐚𝐧𝐯𝐢𝐞𝐫 𝟐𝟎𝟐𝟑
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