
Les alternatives au porte-avions : une analyse du débat stratégique français
Résumé
Depuis la fin de la Seconde Guerre mondiale, le statut de capital ship du porte-avions fait consensus. Néanmoins, les critiques à son encontre semblent aujourd’hui se démultiplier. Celles-ci se fondent à la fois sur des considérations géostratégiques, techno-capacitaires et/ou économiques. Bien que de telles accusations ne freinent en rien le regain d’intérêt mondial pour l’acquisition de plateformes aéronavales, l’introspection capacitaire doit être engagée : le porte-avions incarne-t-il toujours le navire amiral d’une flotte ? Des solutions alternatives et plus adaptées sont-elles envisageables ? Concernée par ce débat du fait de son fleuron national – le Charles de Gaulle – et à l’heure du choix quant à son successeur, la France doit mener cette réflexion. Le modèle du grand porte-avions conserve-t-il un intérêt pour la Marine nationale ou peut-elle compter sur des solutions alternatives ? Le cas échéant, sommes-nous en passe d’assister dans les prochaines décennies à la mise en place d’un nouveau système capacitaire naval consacrant l’émergence d’un nouveau capital ship ?
A propos de l'auteur
Pierre Vallée est titulaire d'une licence d'Histoire/Science politique (ICR – Rennes) et d'un Master II en Relations internationales, parcours Sécurité Internationale et Défense (Université Jean Moulin – Lyon III). Dans le cadre de son mémoire de fin d'étude (2019), il s'est intéressé aux évolutions et à l'avenir de la puissance navale française. Il est, depuis la fin de son Master, chargé de recherches à l'Institut d’Études de Stratégie et de Défense de Lyon.
Analyse techno-capacitaire

Les maîtres silencieux des océans : les enjeux stratégiques et de non-prolifération des sous-marins à propulsion nucléaire en Australie et au Brésil
Lors de la Conférence générale de l’Agence internationale de l’énergie atomique (AIEA) en 2022, le Directeur général Rafael Grossi souligne que « le monde de la prolifération et des garanties nucléaires évolue », et que cette évolution engendre des enjeux techniques et politiques importants. L’annonce de l’accord AUKUS et l’avancement du programme brésilien de sous-marins à propulsion nucléaire reflètent des réajustements géopolitiques régionaux. Sur le plan international, le système de garanties de l’AIEA est mis en épreuve par ces évolutions dans la mesure où elles entraînent des risques de prolifération nucléaire. Comment l’acquisition de sous-marins à propulsion nucléaire impacte-t-elle l’équilibre stratégique à la fois régional et international et les normes de non-prolifération nucléaire ?
𝐉𝐚𝐧𝐯𝐢𝐞𝐫 𝟐𝟎𝟐𝟑

La scène antimissile eurasiatique. De l’Ukraine au Japon, une mise en perspective exploratoire des connexions géostratégiques entre les fronts européen, arctique et est-asiatique
La défense antimissile appartient à un domaine qui pourrait être désigné comme celui des capacités stratégiques hautes (nucléaire, espace extra-atmosphérique, défense antimissiles, puissance aérienne future, fonds marins). En évolution constante, les interconnexions de ces champs modifient les équations de maîtrise des espaces encore qualifiés de « communs » par habitude, mais qui deviennent en réalité, de plus en plus contestés. En tenant compte des effets géostratégiques de long terme de l’invasion de l’Ukraine, la présente note a pour objet de synthétiser certains des enjeux concernant les réseaux antimissiles régionaux autour desquels s’articule une partie du face-à-face de moins en moins indirect entre Chine, États-Unis et Russie.
𝐌𝐚𝐢 𝟐𝟎𝟐𝟐

Le missile de croisière mer-sol nucléaire (SLCM-N) : conséquences pour la stratégie nucléaire américaine et la maîtrise des armements
En mai 2021, l’administration Biden confirmait la décision de financement du missile de croisière mer-sol nucléaire (SLCM-N), l’un des programmes les plus controversés du mandat de Donald Trump. La décision fut accueillie avec surprise chez certains analystes. En fin de compte, après des discussions importantes au sein du gouvernement et des forces armées, l’administration démocrate semble avoir revu sa décision et a annulé le programme SLCM-N. Dans l’attente de la NPR 2022, l’annulation du missile peut être interprétée comme un indice de l’approche de l’administration Biden en matière de stratégie nucléaire.
𝐀𝐯𝐫𝐢𝐥 𝟐𝟎𝟐𝟐
À lire également

La guerre au XXIe siècle, le retour de la bataille
L’ouvrage collectif « La guerre au XXIe siècle, le retour de la bataille », dirigé par Thibault Fouillet, directeur scientifique de l’IESD, est disponible en librairie.
Le livre revient sur la distinction entre tactique et stratégie, les dynamiques tactiques du conflit ukrainien et plus largement les évolutions de la tactique, en évoquant le rôle des nouvelles technologies et l’investissement de nouveaux milieux. À ce sujet, vous pourrez notamment y lire :
– Un premier chapitre intitulé « De la victoire tactique au succès stratégique, Ruptures et continuité d’une relation paradoxale » par notre directeur, le Professeur Olivier Zajec, directeur de l’IESD ;
– Le chapitre « Opérations armées et relations internationales, Le retour de l’équilibre des puissances », par Antony Dabila, chercheur associé ;
– Et enfin, un chapitre écrit par Amaury Dufay, responsable du pôle espace à l’IESD, consacré à la tactique spatiale.

Les maîtres silencieux des océans : les enjeux stratégiques et de non-prolifération des sous-marins à propulsion nucléaire en Australie et au Brésil
Lors de la Conférence générale de l’Agence internationale de l’énergie atomique (AIEA) en 2022, le Directeur général Rafael Grossi souligne que « le monde de la prolifération et des garanties nucléaires évolue », et que cette évolution engendre des enjeux techniques et politiques importants. L’annonce de l’accord AUKUS et l’avancement du programme brésilien de sous-marins à propulsion nucléaire reflètent des réajustements géopolitiques régionaux. Sur le plan international, le système de garanties de l’AIEA est mis en épreuve par ces évolutions dans la mesure où elles entraînent des risques de prolifération nucléaire. Comment l’acquisition de sous-marins à propulsion nucléaire impacte-t-elle l’équilibre stratégique à la fois régional et international et les normes de non-prolifération nucléaire ?
𝐉𝐚𝐧𝐯𝐢𝐞𝐫 𝟐𝟎𝟐𝟑

Capacités stratégiques hautes et assistance militaire défensive dans la guerre d’Ukraine : le dilemme du double seuil
L’un des éléments majeurs du face-à-face russo-ukrainien est naturellement son caractère nucléaire potentiel. Cette dimension incite l’administration Biden à ne pas laisser la guerre d’Ukraine dégénérer en un conflit majeur qui opposerait directement Américains et Russes. Cette limite fait du problème de la co-belligérance occidentale un élément-clé de l’équation politico-militaire du conflit. Tenant compte de ce contexte, cette note met en rapport le « seuil » tactico-opératif lié à cette fourniture d’armement avec un deuxième seuil de nature politico-stratégique, qui est quant à lui influencé par le phénomène de l’interconnexion des capacités stratégiques hautes, et qui ouvre sur le concept délicat de dissuasion multidomaines.
𝐉𝐚𝐧𝐯𝐢𝐞𝐫 𝟐𝟎𝟐𝟑