Université Jean Moulin Lyon 3 - Faculté de Droit

Partager sur

Le missile de croisière mer-sol nucléaire (SLCM-N) : conséquences pour la stratégie nucléaire américaine et la maîtrise des armements

Par Douglas Rocha

Résumé

En mai 2021, peu après son entrée en fonction, l’administration Biden confirmait la décision de financement du missile de croisière mer-sol nucléaire (SLCM-N), l’un des programmes les plus controversés du mandat de Donald Trump. La décision fut accueillie avec surprise chez certains analystes : pendant sa campagne, Joseph Biden avait en effet plaidé contre ce nouvel armement. En fin de compte, après des discussions importantes au sein du gouvernement et des forces armées, l’administration démocrate semble avoir revu sa décision et a annulé le programme SLCM-N.

Dans l’attente de la NPR 2022 qui devrait être dévoilée très prochainement, l’annulation du SLCM-N peut être interprétée comme un indice de l’approche de l’administration Biden en matière de stratégie nucléaire. Reste un certain nombre de questions centrales. Quelles sont les conséquences de cette décision pour la stratégie nucléaire des États-Unis ? Quelles institutions américaines participent à ce débat stratégique ? Au- delà même des États-Unis, quelles tendances internationales ces arbitrages vont-ils favoriser en termes de maîtrise des armements et de réduction des risques nucléaires ?

A propos de l'auteur

Chargé d'études à l'Institut d'études de stratégie et de défense (IESD) pour les études sur la maîtrise des armements nucléaires et la non-prolifération balistique. Ancien chercheur assistant au Centre Brésilien de Stratégie et Relations internationales (NERINT). Diplômé en Master 2 Sécurité internationale et défense à l'Université Jean Moulin (Lyon, France) et en Licence en Relations internationales à Université fédéral du Rio Grande do Sul (Porto Alegre, Brésil).

Le débat stratégique en cours à Washington n’est que la conséquence d’un processus plus profond d’évolution de la dissuasion nucléaire qui intègre progressivement d’autres domaines militaires. Le revers de la médaille, la maîtrise des armements, doit être adapté également aux nouvelles conditions stratégiques afin de demeurer un instrument utile dans les relations diplomatiques.

Douglas Rocha
5 à 7 kt
C'est la puissance des têtes nucléaires développées par les Etats-Unis pendant la décennie passée pour renouveler leur arsenal nucléaire tactique
Dans la collection

Analyse techno-capacitaire

Les maîtres silencieux des océans : les enjeux stratégiques et de non-prolifération des sous-marins à propulsion nucléaire en Australie et au Brésil

Lors de la Conférence générale de l’Agence internationale de l’énergie atomique (AIEA) en 2022, le Directeur général Rafael Grossi souligne que « le monde de la prolifération et des garanties nucléaires évolue », et que cette évolution engendre des enjeux techniques et politiques importants. L’annonce de l’accord AUKUS et l’avancement du programme brésilien de sous-marins à propulsion nucléaire reflètent des réajustements géopolitiques régionaux. Sur le plan international, le système de garanties de l’AIEA est mis en épreuve par ces évolutions dans la mesure où elles entraînent des risques de prolifération nucléaire. Comment l’acquisition de sous-marins à propulsion nucléaire impacte-t-elle l’équilibre stratégique à la fois régional et international et les normes de non-prolifération nucléaire ?

𝐉𝐚𝐧𝐯𝐢𝐞𝐫 𝟐𝟎𝟐𝟑

Par Douglas Rocha
Découvrir ce projet

La scène antimissile eurasiatique. De l’Ukraine au Japon, une mise en perspective exploratoire des connexions géostratégiques entre les fronts européen, arctique et est-asiatique

La défense antimissile appartient à un domaine qui pourrait être désigné comme celui des capacités stratégiques hautes (nucléaire, espace extra-atmosphérique, défense antimissiles, puissance aérienne future, fonds marins). En évolution constante, les interconnexions de ces champs modifient les équations de maîtrise des espaces encore qualifiés de « communs » par habitude, mais qui deviennent en réalité, de plus en plus contestés. En tenant compte des effets géostratégiques de long terme de l’invasion de l’Ukraine, la présente note a pour objet de synthétiser certains des enjeux concernant les réseaux antimissiles régionaux autour desquels s’articule une partie du face-à-face de moins en moins indirect entre Chine, États-Unis et Russie.

𝐌𝐚𝐢 𝟐𝟎𝟐𝟐

Par Olivier Zajec
Découvrir ce projet

L’affirmation de la stratégie des États-Unis en matière de technologies nucléaires spatiales

Depuis 2017, l’intérêt des États-Unis pour les applications de l’énergie nucléaire dans le domaine spatial apparaît renouvelé. Dans un contexte de compétition internationale grandissante, ces applications bénéficient même d’un soutien politique de plus en plus structuré. L’objectif de cette note est d’examiner ces développements afin de mettre en perspective les enjeux qui les accompagnent.

𝐍𝐨𝐯𝐞𝐦𝐛𝐫𝐞 𝟐𝟎𝟐𝟏

Par Amaury Dufay
Découvrir ce projet

À lire également

La guerre au XXIe siècle, le retour de la bataille

L’ouvrage collectif « La guerre au XXIe siècle, le retour de la bataille », dirigé par Thibault Fouillet, directeur scientifique de l’IESD, est disponible en librairie.
Le livre revient sur la distinction entre tactique et stratégie, les dynamiques tactiques du conflit ukrainien et plus largement les évolutions de la tactique, en évoquant le rôle des nouvelles technologies et l’investissement de nouveaux milieux. À ce sujet, vous pourrez notamment y lire :
– Un premier chapitre intitulé « De la victoire tactique au succès stratégique, Ruptures et continuité d’une relation paradoxale » par notre directeur, le Professeur Olivier Zajec, directeur de l’IESD ;
– Le chapitre « Opérations armées et relations internationales, Le retour de l’équilibre des puissances », par Antony Dabila, chercheur associé ;
– Et enfin, un chapitre écrit par Amaury Dufay, responsable du pôle espace à l’IESD, consacré à la tactique spatiale.

Par Thibault Fouillet

Les maîtres silencieux des océans : les enjeux stratégiques et de non-prolifération des sous-marins à propulsion nucléaire en Australie et au Brésil

Lors de la Conférence générale de l’Agence internationale de l’énergie atomique (AIEA) en 2022, le Directeur général Rafael Grossi souligne que « le monde de la prolifération et des garanties nucléaires évolue », et que cette évolution engendre des enjeux techniques et politiques importants. L’annonce de l’accord AUKUS et l’avancement du programme brésilien de sous-marins à propulsion nucléaire reflètent des réajustements géopolitiques régionaux. Sur le plan international, le système de garanties de l’AIEA est mis en épreuve par ces évolutions dans la mesure où elles entraînent des risques de prolifération nucléaire. Comment l’acquisition de sous-marins à propulsion nucléaire impacte-t-elle l’équilibre stratégique à la fois régional et international et les normes de non-prolifération nucléaire ?

𝐉𝐚𝐧𝐯𝐢𝐞𝐫 𝟐𝟎𝟐𝟑

Par Douglas Rocha

Capacités stratégiques hautes et assistance militaire défensive dans la guerre d’Ukraine : le dilemme du double seuil

L’un des éléments majeurs du face-à-face russo-ukrainien est naturellement son caractère nucléaire potentiel. Cette dimension incite l’administration Biden à ne pas laisser la guerre d’Ukraine dégénérer en un conflit majeur qui opposerait directement Américains et Russes. Cette limite fait du problème de la co-belligérance occidentale un élément-clé de l’équation politico-militaire du conflit. Tenant compte de ce contexte, cette note met en rapport le « seuil » tactico-opératif lié à cette fourniture d’armement avec un deuxième seuil de nature politico-stratégique, qui est quant à lui influencé par le phénomène de l’interconnexion des capacités stratégiques hautes, et qui ouvre sur le concept délicat de dissuasion multidomaines.

𝐉𝐚𝐧𝐯𝐢𝐞𝐫 𝟐𝟎𝟐𝟑

Par Olivier Zajec